L’opposition républicaine s’est retrouvée ce jeudi 8 mars au QG de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) à Hamdallaye-CBG pour discuter de plusieurs points dont celui relatifs aux dernières élections communales. Elle compte organiser une journée ville morte et une série de manifestations.
Au sortir de cette rencontre de plusieurs heures, Alhoussény Makanéra Kaké, porte-parole de l’opposition républicaine, est d’abord revenu sur le communiqué de la CENI invitant les partis politiques qui ont des griefs contre les résultats à une rencontre : «Nous avions tous apprécié la démarche du gouvernement et de la CENI qui avaient compris et qui avaient décidé, conformément à notre objectif de sauvegarder la paix, de réexaminer les procès verbaux. La CENI avait demandé à tous les partis politiques et les listes indépendantes qui avaient des preuves probantes et des pièces à conviction de les lui déposer pour un réexamen. »
Le 6 mars, lors de la deuxième rencontre avec l’UFDG, la commission électorale a dit qu’elle ne peut plus continuer sa démarche puisqu’il y a des problèmes juridiques et techniques.
« Nous avons été malheureusement très surpris d’apprendre avec la CENI qu’ils sont incapables de faire le réexamen de ces PV parce qu’il y a un problème de droit et même matériellement qu’ils n’ont pas tous les PV. Cela est une insulte à l’intelligence des Guinéens. D’abord, nous n’avons jamais demandé de violer la loi », a réagi l’ancien ministre de la Communication avant d’ajouter qu’ils ne vont pas permettre aux magistrats d’annuler les voix des Guinéens : « On ne peut pas permettre à un Guinéen de dire qu’un autre Guinéen est parti voter et que les voix de celui-ci sont nuls. Cela n’est pas possible. Si on accepte que des magistrats ou des cadres véreux sans scrupules puissent déclarer nulles certaines voix, il faut croiser les bras et rester à la maison. Il n’y aura plus d’élections. »
Pour protester contre cette décision de la CENI, l’opposition va appeler à partir de lundi 12 mars à une opération « journée ville morte » à Conakry : « Nous avons dit qu’à partir de cette déclaration de la CENI, que nous considérons comme une démission, puisque c’est elle qui a organisé les élections et non les CACV ni les magistrats, nous avons décidé de reprendre nos manifestations. A partir du lundi prochain, nous allons demander à Conakry d’observer une journée ville morte. A partir du mercredi prochain, nous allons enclencher une série de manifestations qui concernera Conakry et toute l’étendue du territoire national. »
Selon Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, l’opposition a des preuves selon lesquelles les magistrats qui ont présidé les commissions administratives de centralisation des votes (CACV) ont volontairement annulé des voix qui leur lui sont favorables : « On peut démontrer que les juges n’ont pas fait leur travail conformément aux lois, nous avons des preuves irréfutables que des juges ont volontairement falsifié les PV issus des bureaux de vote. Nous avons les preuves que les CACV ont annulé injustement et abusivement des PV qui reflétaient la vérité des urnes pour donner des avantages au RPG Arc-en-ciel. Donc, l’institution judiciaire a failli en refusant de traiter les recours des candidats conformément à la loi. Nous pouvons démontrer que les juges ont failli sous l’effet d’intimidation ou de la corruption. Dès lors, nous ne sommes pas obligés de nous soumettre à une décision de justice qui est une violation des droits de la République. C’est pourquoi nous continuerons à nous battre pour faire triompher la vérité des urnes. »
Le président de la République était à l’initiative de la rencontre de la CENI avec les parties prenantes aux élections. Si le chef de file de l’opposition avait salué la décision d’Alpha Condé qu’il avait qualifiée de ‘’sage’’, il accuse le chef de l’Etat d’être derrière ‘’la volte-face’’ de la CENI : « Aujourd’hui on se rend compte que M. Alpha Condé a dû donner des instructions contraires parce que c’est lui qui avait donné au président de la CENI l’instruction d’examiner le bien fondé des revendications de l’opposition. »
Insistant sur le fait que l’opposition va manifester, Cellou Dalein indique qu’ils ne vont pas se soumettre à une décision ‘’injuste’’ : « Quand on dit qu’on ne veut plus la vérité, on doit valider le mensonge, est-ce que le citoyen a le droit de se soumettre au mensonge ? Nous disons non. »
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