Au terme d’un match assez sensationnel, la Croatie a eu le dernier mot aux tirs aux buts face à la Russie. Le pays hôte quitte son Mondial en héros.
C’est un Fisht Olympic Stadium bouillonnant qui a accueilli le dernier quart de finale de cette Coupe du monde, ce samedi, à Sochi, après les qualifications de la France, de la Belgique et de l’Angleterre. Portée par son public, la Russie devait encore montrer contre la Croatie ces vertus mentales et tactiques qui lui avaient permis de renverser l’Espagne aux tirs aux buts, il y a moins d’une semaine. Et elle les a montrées.
L’entame de match a rapidement donné le ton. Comme prévu, Stanislav Tchertchessov n’a pas changé une formule qui marche. Face à une autre nation réputée pour sa maîtrise collective, il aurait été stupide de le faire. Le pays-hôte a donc abordé la rencontre avec un bloc bas et compact pour restreindre les espaces au maximum. Ce quadrillage du terrain a tout de suite mis les Croates face à leur problématique du soir. Mais la plus-value, c’est que contrairement au match contre l’Espagne, la Russie a ajouté une vraie qualité dans ses sorties de balles pour se montrer beaucoup plus menançante sur ses contres.
L’ensemble a donné une première demi-heure intense, âpre mais fermée, au cours de laquelle une Croatie empruntée n’a jamais su trouver la clé. Appliquant son plan à merveille, la Russie en a profité pour prendre les devants sur un petit bijou. Après une belle combinaison, Cherichev a armé une frappe du gauche splendide pour faire exploser l’enceinte de Sochi (1-0, 31e). L’ancien joueur du Real aura été un des grands artificiers de ce Mondial. Avant cela, la Russie avait eu au moins autant de situations que son adversaire, sans pour autant les convertir en occasions nettes.
Au pied du mur, la Croatie a bien tenté de passer la vitesse supérieure, mais les données n’étaient pas simples. Tiraillés entre leur volonté d’attaquer et la nécessité de ne pas trop s’exposer, les Croates ont longtemps manqué d’idées. Et c’est après une récupération et une projection rapide, paradoxalement, qu’ils ont pu exploiter un des rares moments de déconcentration adverse quand Kramaric, trop seul, a repris un centre précis de Mandzukic (1-1, 39e). Le score réflètait bien la physionomie de cette première période.
Un suspense hitchcockien
Au retour des vestiaires, la Croatie a accentué sa domination technique pour forcer la décision. Kramaric a tenté un retourné acrobatique audacieux, sans réussite (52e). Et l’opportunité la plus franche est intervenue quelques minutes plus tard quand Perisic, d’une frappe croisée, a trouvé le poteau d’Akinfeev (59e). Au bord de la rupture, la Russie s’est accrochée pour surmonter ce temps faible sans dégât, avant de sortir la tête de l’eau, progressivement. Dziouba, sur corner, a chauffé les gants de Subasic, avant qu’Erokhin ne voit sa frappe puissante passer juste au-dessus du cadre (72e).
Une odeur de KO a ensuite flotté pendant le dernier quart d’heure. Après son gros temps fort, la Croatie est retombé dans son faux rythme et la Russie, qui avait trouvé un second souffle, est restée incisive jusqu’à la fin, à l’image de ce tir dans un angle complètement fermé de Smolov, dans les arrêts de jeu (90e+4). Rien ne sera marqué. Et il n’était pas illogique, finalement, que ces deux-là règlent leurs comptent au bout de la nuit, comme ils l’avaient fait au tour précédent.
Ces prolongations, les Croates ne les ont pas dominées dans les grandes largeurs, mais ils ont fini pas trouver la faille sur corner. Vida, d’une tête bien placée, a surpris tout le monde (1-2, 101e). La Russie a alors jeté toutes ses forces dans la bataille. Et elle a trouvé les ressources pour survivre. Mario Fernandes, d’une tête décroisée limpide sur un coup-franc excentré, a plongé le Fisht Olympic Stadium dans l’extase (2-2, 115e). Les cinq dernières minutes ont été une série d’attaques enivrantes, sans que personne n’aille au bout.
L’histoire s’est donc terminée aux tirs aux buts. C’était écrit. Et à ce petit jeu entre spécialistes, la Croatie a eu le dernier mot au terme d’un suspense aussi fort que le match en lui-même. Smolov a raté sa panenka, puis Akinfeev a relancé les siens d’un arrêts majestueux, mais Mario Fernandes a dévissé sa frappe. Les Croates n’ont plus rien laissé passer. Ils retrouveront l’Angleterre en demi-finale. Comme la France en 1982 à Séville contre l’Allemagne, la Russie tient une bataille épique qui restera longtemps dans les mémoires.
Source: goal.com