La République des jérémiades. Elle s’est réveillée lundi matin avec un appel à la solidarité pour sauver une vie. Fatoumata Binta Bah, gravement malade depuis des mois, après s’être brûlée le corps. Le drame dont les parents subissent des conséquences s’est déroulé dans un village de Mali Yembering. Elle ne pouvait se faire soigner sur place. Notre système de santé n’offre aucune possibilité de trouver les meilleurs soins dans nos préfectures. Alors on pleure nos blessés, nos malades comme nos morts. Parce que dans le monde rural, la maladie est forcément un signe annonciateur de la mort. Binta souffre, elle a besoin de la générosité de tous les guinéens. Nous la sauverons ainsi pour l’avenir, car elle compte pour ce pays.
Continuons cependant à travailler pour la sécurité sanitaire. La sécurité sanitaire, ne devrait se résumer à la création d’une agence pour prévenir des épidémies. Oh non, les épidémies sont périodiques, mais il y a des maux qui demeurent permanents. L’idéal serait n’est-ce pas de préparer une structure capable de prendre en charge des situations de cette nature. L’Etat y mettrait des moyens pour éviter qu’on n’est à chaque fois besoin de tendre la main à un misérable mourant avant de lui faire le diagnostic de sa maladie.
La sécurité sanitaire passe par l’équipement de nos établissements sanitaires à tous les niveaux. Déjà le niveau de dégradation de notre réseau routier n’aide pas à transporter facilement nos malades. La sécurité sanitaire, c’est aussi le déploiement de médecins compétents, dans les zones reculées du pays. Et qu’ils soient bien payés. La sécurité sanitaire n’est pas une simple expression à employer pour montrer son attachement à la vie des compatriotes. Elle doit être une priorité du gouvernement qui doit renoncer au mensonge. Non ça n’avance pas dans le domaine de la santé et il faut l’avouer tout de suite. Ce ne sont pas les bâtiments. Excusez, l’histoire retiendra que ce régime a placé un établissement hôtelier sur un espace qui aurait pu servir à l’agrandissement du CHU Ignace Deen. L’avoir fait, c’est contraire à toute volonté de promouvoir la sécurité sanitaire.
Le cas de Binta évoque aussi la question de la sécurité tout court. Vous voyez bien qu’elle s’est accidentellement brûlée toute seule en cuisinant. Binta, âgé de 12 ans, n’a aucune expérience du feu. Déconseillons les parents de placer les enfants de son âge auprès du feu. Nous n’arrivons toujours pas, même à Conakry ici à intégrer dans nos habitudes l’usage des foyers améliorés pour ceux qui n’ont pas de cuisine moderne. Ils aident à réduire les accidents de cette nature. La sécurité est vaste en tant que concept. Il est urgent de travailler à sécuriser tout le monde. D’abord par l’information, la sensibilisation et des actions qui aident les couches les plus vulnérables.
La sécurité ne doit pas être perçue seulement par la présence des forces de répressions. La sécurité c’est aussi s’abstenir de publier des images choquantes. Certaines parties du corps de Binta ne devrait pas se retrouver sur les réseaux sociaux. Nous l’avons fait oubliant qu’elle pourrait en souffrir à vie. Nous devons répondre à toutes les préoccupations, sans minimiser aucune lorsqu’elle touche peu soit-elle à la vie. Ce matin et pour toujours décidons de résoudre nos problèmes en commençant par réaliser qu’ils existent. Foyers améliorés pour tous. Des établissements et des professionnels de la santé, proches des populations. Et l’Etat doit se doter d’une véritable politique sociale.
Jacques Lewa LENO