Le refus du gouvernement à trouver une solution concertée à la grève des enseignants étonne plus d’un observateur. Comme si les troubles violents nés de ce débrayage n’étaient qu’un épiphénomène, l’exécutif fixe la date pour la tenue des prochaines élections communales. La classe politique qui a toujours son propre agenda, semble déjà passer à autre chose.
« C’est pas compliqué, en politique, il suffit d’avoir une bonne conscience, et pour ça il faut avoir une mauvaise mémoire ! » disait Coluche. Il suffit de se remémorer les tensions sociales qui ont toujours précédé les rendez-vous électoraux en Guinée pour s’en convaincre.
Inhibé au départ par une autre longue absence présidentielle, le gouvernement n’a pu trouver le moyen de prévenir la paralysie du système éducatif. En qualifiant la grève d’illégale et de sauvage depuis l’étranger, le président a lui-même sonné le glas à d’éventuelles négociation, et ainsi durci la position des grévistes. Pis, l’exécutif déplace sur le plan politique une revendication fondamentalement catégorielle.
Difficile de n’y voir qu’une tentative désespérée de discréditer Aboubacar Soumah, la tête de turc du moment. Car, pourquoi alimenter une crise qui ne faisait même pas l’unanimité au sein du système éducatif ? La molle réaction de la société civile et de la classe politique a tôt fait d’encourager les manœuvres dilatoires qui ont fini par diviser le mouvement syndical.
Et c’est le moment que choisit le Chef de l’Etat pour prendre avant l’heure le décret qui fixe la date des élections communales. Et ce timing, même s’il était prévu depuis longtemps inquiète. Personne en Guinée n’ignore le caractère hautement conflictogène de ces consultations locales. Dans le passé, elles ont exacerbé les tensions sociales, provoqué de violents heurts et mêmes débouché sur des affrontements inter-communautaires aux séquelles encore persistantes. Alors qu’est-ce qui fait courir le gouvernement ?
On sait la course poursuite engagée entre la mouvance et l’opposition pour le contrôle de la capitale, dont le gouvernorat a toujours été un maillon essentiel de la propagande et la fraude électorale sous tous les régimes. Il faut aussi dire que ces ‘’communales’’ seront un sérieux indicateur pour les élections législatives, mais surtout pour la présidentielle de 2020. Alors la question de l’emploi des jeunes, de l’implication des femmes dans la gestion de nos collectivités et les candidatures indépendantes peut être reléguée au second plan, et personne ne s’en émouvra.
Comme le disait l’acteur Groucho Marx, « La politique, c’est l’art de chercher les problèmes, de les trouver, de les sous-évaluer et ensuite d’appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes. »