C’est simple comme rien. Parce que quand ce n’est rien, ça ne se discute pas. L’homme qui vous parle souhaite communier avec vous au moment où il semble devenir super citoyen. Il nous a confié son message à la nation, l’adresse de ce 1er octobre alors que la Guinée s’apprête à célébrer son 60ème anniversaire. Message du piroguier national en manque de pagaie : ouvrons les guillemets.
« Chers cons de fils nationaux. Je m’adresse à vous en ayant en conscience que vous ne voulez pas m’écoutez. Je sais que vous êtes déçus de ma conduite. Je fais avancer la pirogue à reculons. Ça tangue parfois au rythme des vagues, mais c’est normal. Vous savez le fleuve que nous traversons est inutilement profond. Je ne le connais pas. Mais je m’en fou. Moi piroguier depuis 2010 à la tête d’un équipage d’apprentis rameurs inconscients, ai le privilège d’être désormais le maître de tout.
Les blancs ont dit droit de l’homme. Ils n’ont pas dit droits des cons de fils nationaux. Vous êtes les miens. Je connais vos droits et c’est moi qui vous les donne. Dans cette pirogue, je peux bien garder tout le monde. A condition que je sois respecté dans mes fonctions de guide suprême. Vous avez un seul droit, celui d’être appelés par moi cons de fils nationaux. Et votre devoir, c’est de m’obéir.
Somparé fils, le jeune brillant fait ministre il n’y a pas longtemps, m’a fait confiance en me nommant rédacteur en Chef. C’est la fonction de rêve. En tant qu’ancien stagiaire du canard enchaîné, je me vois prédisposé à diriger une politique éditoriale disciplinée. Je détermine un contenu qui répond à mes aspirations. Je choisis des animateurs, les reporteurs. Tout ceci grâce au soutien du caporal Kéira, le moyen chef des policiers. J’ai sa commande et il réagit parfaitement bien aux injonctions. Le technicien qui l’a fabriqué doit être slave. Un sang russe circule dans ses veines et il réfléchit comme un turc. J’aime bien ce mélange qui offre un comportement démonia-tique. Voilà que dans mes ambitions je veux avoir une seule rédaction, dirigée par moi le piroguier en manque de pagaie. Moi seul sans être assisté. Et finalement, je vais décider pour le bien de tous. Pour votre bien.
La cour légale et fondamentale, salie en 2015 par Kel Sall, je ne sais d’où, est enfin sous ma protection. L’indiscipline ne sera pas tolérée et il me revient d’apprécier si les décisions de justice sont conformes non pas à ce que certains appellent constitution, mais à la volonté de la cour légale fondamentale que je dirige. C’est souverain. Puisque la question des syndicats des passagers de ma pirogue semble régler. Je peux enfin choisir qui doit appartenir à l’opposition passagère. Ceux qui y sont pour le moment seront avec moi. Destination 2020.
Le 2 octobre à l’occasion du 62ème anniversaire, je vous dirai si nous sommes arrivés au niveau d’il y a 60 ans. Notre pirogue pourra en ce moment commencer sa marche normale. Ma promesse rectifiée sera ainsi tenue. Je vous laisse ce que les français appellent la Guinée où Sékou Touré l’a laissé. Bonne fête à tous »
Jacques Lewa Leno